Les activités commerciales des femmes : le commerce frontalier à Noé

Abstract

Le corridor frontalier allant d'Abidjan à la frontière de Noé est un lieu d'une intense activité commerciale internationale où s’entremêlent des flux de personnes et de marchandises. Depuis la crise militaro-politique de 2002, ce phénomène s'est particulièrement développé avec la fermeture des autres postes frontaliers du Nord de la Côte d'Ivoire. Les commerçantes sont pour la plupart des femmes d'origines diverses qui se sont investies dans cette activités pour palier au chômage conjoncturel de leur mari. On y trouve 78% d'ivoiriennes contre 22% étrangères. La population commerçante rencontrée dans le commerce à la frontière de Noé est dominée par les femmes d'origine Akan. Ce sont pour la plupart de jeunes célibataires, des mariées et/ou veuves qui ont connu au moins une maternité. Elles sont surtout musulmanes avec 61% contre 35% de chrétiennes, et 4% d'animistes. La dimension sociale de l'activité commerciale frontalière à Noé s'apprécie à travers les nombreux emplois offerts à une frange importante de la population féminine pour qui, ce commerce frontalier est la principale, sinon la seule source de revenu. Ces emplois informels et clandestins sont tenus par une pléthore de petits opérateurs. Il concerne les secteurs de la monnaie, des produits agricoles, manufacturés, pétroliers et pharmaceutiques. Toutefois, le commerce frontalier à Noé a un impact géographique, social, économique et environnemental sur l'espace d'échange. Par son inorganisation et la régularité de ses mouvements dues à la perméabilité de la frontière, ce commerce frontalier à Noé réussit à dégrader la trame spatiale du corridor et rend les équipements et infrastructures surutilisés, constituants ainsi, une entrave importante à l'action gouvernementale Ivoirienne.