Paramètres Epidémiologiques de la transmission de Plasmodium falciparum dans le village de Bancoumana; pouvoir infectieux des porteurs de gamétocytes pour la préparation de sites d'essais vaccinaux bloquant la transmission

Abstract

Le paludisme reste encore un problème majeur de santé publique. L'approche vaccinale est une des meilleures armes du futur. Dans le but de préparer un site d'essais vaccinaux bloquant la transmission au Mali, nous avons déterminé les paramètres épidémiologiques de la transmission du paludisme et étudié le pouvoir infectieux des porteurs de gamétocytes dans le village de Bancoumana, une zone d'endémie palustre et à transmission saisonnière. Le village est situé à 60 km au sud-ouest de Bamako. Pour atteindre nos objectifs, nous avons procédé à une caractérisation sociodémographique du village de Bancoumana. Nous avons choisi les enfants âgés de 6 mois à 9 ans pour étudier l'épidémiologie du paludisme. Les essais biologiques (Infection directe et Infection à travers une membrane) ont été testés chez les sujets d'âge compris entre 418 ans pour l'étude du pouvoir infectieux des porteurs de gamétocytes. Les moustiques ont été disséqués 8 jours après le repas de sang. Nous avons cherché chez les porteurs de gamétocytes les facteurs pouvant influencer l'infectivité. L'étude du polymorphisme de P. falciarum a été réalisée par la technique de la biologie moléculaire. L'indice plasmodique (IP) était significativement plus élevé en octobre (P<10-6). Il a baissé progressivement entre 1996 et 1998. L'indice splénique (IS) était également plus élevé en octobre 1996 (53,0%) ,1997 (44,1%). En 1998 l'indice splénique était plus élevé en février (40%) (P < 10-6). Les indices gamétocytiques (IG) étaient comparables d'une année à l'autre. Ils variaient de façon significative selon les passages transversaux d'une même année (P < 10-6). La résistance parasitologique a touché avec une plus grande fréquence les enfants de 1-2 ans en 1996 et 1997 respectivement 31,6% et 28,5%. Par contre cette résistance parasitologiques est plus marquée chez les enfants de 3-4 ans en 1998 (15%). Les enfants âgés de 1 à 2 ans ont fait plus d'accès grave que les autres enfants des autres tranches d'âge pendant les trois années d'étude (P< 10-6). Une variation significative de la fréquence des accès fébriles en fonction des associations d’allotypes a été observée. La fréquence de fièvre la plus élevée était rencontrée chez les sujets porteurs de l'association d'allotypes MAD20-R033 (13,3%). Les taux d'infection des moustiques en oocystes dans les classes d'âge 4-9 ans et 10-18 ans étaient respectivement de 64,5% et 52,3% en 1997, 70,9% et 59,3% en 1998. Les charges oocystiques moyennes (moyenne géométrique) des moustiques infectés étaient plus élevées chez les enfants de 4-9 ans en 1997 (P = 0,05), et en 1998 (P = 0,07). En 1997, le taux de prévalence globale en oocystes était de 62%, 62,2% et 61,2% respectivement en saison chaude, froide et pluvieuse. Il était comparable d'une saison à l'autre. Mais pendant la saison des pluies, les enfants de 4-9 ans avaient infecté plus de moustiques (68,4%) que les adolescents de 10-18 ans (43,5%) (X2 = 4,30; ddl = 2; P = 0, 0,03); (OR = 0,36; le = 0,11-1,08). En 1998, le taux de portage global en oocystes était de 52,5%, 58,2% et 79,1% respectivement pendant la saison chaude, froide et pluvieuse. L'infectivité des porteurs de gamétocytes était plus élevée dans les deux groupes d'âge pendant la saison des pluies que pendant la saison sèche (OR = 2,53 ; le = 1,21-5,29). A la lumière de nos résultats sur les paramètres paludologiques, les variations saisonnières de l'infectivité chez les porteurs de gamétocytes, les essais de vaccins bloquant la transmission du paludisme seraient focalisés sur les sujets d'âge compris entre 6 mois et 18 ans, pendant la saison des pluies reconnue comme saison de transmission intense du paludisme dans le village de Bancoumana.