Dynamiques spatio-temporelles du paysage d’une zone de contact forêt-savane et migration agricole pour la culture cacaoyère à l’Ouest de la Côte d’Ivoire.

Abstract

Le relief montagneux de la Région Ouest de la Côte d’Ivoire ainsi que la présence de grandes savanes à côté de forêts ne faisaient pas de cette partie du pays, une zone par excellence de production de cacao. Pourtant depuis une décennie, un important afflux de populations est observé dans la zone. L’objectif visé par cette étude est d’évaluer l’impact des migrations pour la culture du cacao sur la dégradation de la végétation dans l’Ouest montagneux, en prenant comme exemple le département de Biankouma. Pour y arriver, la méthodologie a consisté d’abord en un ensemble de traitements numériques effectué sur des images satellitaires issues du capteur Landsat pour déterminer la dynamique de l’occupation du sol de ce département. Ensuite, des observations directes couplées à des inventaires botaniques ont été réalisées pour déterminer d’abord les caractéristiques agronomiques de leur exploitation et recenser ensuite la flore des plantations. Enfin, des enquêtes ont été réalisées auprès des producteurs de cacao afin de déterminer leurs profils sociodémographiques. Les résultats des enquêtes révèlent que l’installation des populations pour la culture du cacao dans la zone d’étude a entrainé une profonde modification de son occupation du sol. Ainsi, entre 1985 et 2013, on enregistre un taux annuel de perte des forêts de 6,1 % et une réduction annuelle de 0,4 % de savane. Ces pertes se font au profit des cacaoyères qui connaissent une progression annuelle de 6,6 % durant la période d’étude. Les résultats des inventaires floristiques indiquent une disparition des espèces dans l’installation des cacaoyères dans les forêts. En effet, les forêts renferment 141 espèces contre 51 espèces dans les plantations cacaoyères installées sur un précédent cultural forêt. Par contre, pour l’ombrage des cacaoyers à l’âge juvénile, un taux élévé d’espèces est observé dans les plantations cacaoyères installées sur un précédent cultural savane (129 espèces) que dans les savanes (98 espèces). Les producteurs de cacao du département de Biankouma sont majoritairement jeunes, composés d’un contingent important d’allochtones et d’allogènes en provenance principalement des localités de l’Ouest de la Côte et des anciennes boucles du cacao.