Caractéristiques ethnobotaniques et potentialités nutritives de quelques plantes spontanées comestibles soumises à deux traitements technologiques dans la région d’Agboville (Sud, Côte d’Ivoire).

Abstract

Les forêts Ivoiriennes regorgent de nombreuses plantes spontanées comestibles dont la composition biochimique et nutritionnelle demeure méconnue et pourtant, ces plantes pourraient jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre la malnutrition et diverses carences alimentaires. Le présent travail s’est proposé d'examiner les aspects ethnobotaniques et nutritionnels des plantes spontanées. Ce travail visait à caractériser les plantes alimentaires spontanées dans la région d’Agboville au Sud de la Côte d’Ivoire. A cet effet, une enquête ethnobotanique a été menée de Septembre 2016 à Mai 2017 dans 11 localités du département d’Agboville. Au cours de cette enquête, les populations ont été interrogées sur leurs connaissances et pratiques en relation avec l’usage des plantes spontanées. Par la suite, les feuilles de quatre plantes spontanées ont été prélevées puis analysées après divers traitements (séchages et cuissons). L’analyse a consisté à déterminer la composition physicochimique et nutritionnelle de ces plantes. Les teneurs en minéraux, en vitamine C, en phytonutriments, en antinutriments et l’activité antioxydante ont été déterminés et soumis à des analyses statistiques. Les principaux résultats de ces travaux sont les suivants : Les plantes spontanées citées étaient au nombre de quatre-vingt-seize (96). La totalité de ces plantes étaient consommées et certaines avaient en plus un usage médicinal (19,40%). Les organes consommés étaient principalement les fruits (40,7 %), les feuilles (37,9 %) et les graines (24,9 %). Ces plantes étaient consommées soit cuites (72,50 %) soit crues (27,50 %) et pouvaient être utilisées comme légumes (35.6 %), condiments (33,5 %) et friandises (22,6 %). Les plantes analysées étaient Justicia galeopsis, Sesamum radiatum Solanum americanum. et Myrianthus arboreus. L’analyse de variance a montré que les paramètres recherchés différenciaient (p˂0,05) les ressources alimentaires étudiées. Les feuilles ont été caractérisées principalement par une richesse en fibres (42,09-57,29 %), en protéines (18,01-31,29 %), en sels minéraux notamment en Potassium (1804,52-2433,88 mg/100g), en Calcium (1348,78-608,68 mg/100g), en Magnésium (450,56-175,55 mg/100g) et en Phosphore (479,50(236,26 mg/100g). Elle renfermait également d’importantes teneurs en flavonoïdes (28-45 mg/100g), en polyphénols (212-296 mg/100g), en caroténoïdes (1,67-4,25 mg/100g), en vitamine C (3449 mg/100g). Les composés antinutritionnels étaient également présents en proportions importante avec les oxalates (517,32802,08 mg/100g), les tanins (96,98-173,78 mg/100g) et les phytates (25-35 mg/100g). L’activité antioxydante était également élevée (39,45-82,17%). La cuisson de ces feuilles après 20 minutes a entrainé une réduction plus ou moins importante de la composition de nombreux nutriments (3-100 % de perte). Les caroténoïdes et la vitamine C sont les plus vulnérables à la cuisson. Par contre, le séchage a favorisé le maintien voire l’augmentation de la quantité de certains nutriments. Une durée de 15 min de cuisson à l'eau et un séchage à l'ombre pendant 15 jours ont donné des aliments aux meilleurs profils. Ces résultats permettront de sensibiliser aux traitements des feuilles pour lutter contre les carences en micronutriments et assurer la sécurité alimentaire.