Appropriation par les communautés des activités des interventions de lutte contre la malnutrition aiguë au Burkina Faso : Cas des comités villageois de nutrition de la Croix-Rouge dans la région du Sud-ouest

Abstract

Introduction-Problématique : La lutte contre la Malnutrition Aiguë (MA) reste l’une des priorités en santé publique au Burkina Faso. C’est ainsi que la Croix-Rouge (CR) burkinabé, en partenariat avec celle de la Belgique, a conduit de juin 2007 à décembre 2012 un projet de prise en charge communautaire de la MA dans la région du Sud-ouest. L’innovation dans ce projet a été la prise en charge des cas de malnutrition au sein des villages par la mise en place de « comités villageois de nutrition (CVN) ». Le projet s’est révélé efficace en termes du nombre élevé de cas dépistés, de la réduction de la prévalence des cas de MA sévère et du faible taux de décès. Cependant, comme pour tout projet, se pose la question de son appropriation par la population et de la pérennisation des acquis à sa clôture. Objectif global: Evaluer le niveau d’appropriation par les CVN de l’approche communautaire de la CR dans la prise en charge de la MA, 18 mois après la clôture du projet dans la région du.Sud-ouest.du.Burkina.Faso. Méthodes : Il s’est agi d’une étude observationnelle, transversale à visée descriptive portant sur 40 CVN, 12 Centres de Santé et de Promotion Sociale, 4 districts sanitaires, 4 comités provinciaux de la CR et 4 Organisations à Base Communautaire d’Exécution (OBC-E). Résultats : En juillet 2013, période de la présente évaluation, nous avons constaté que la plupart des CVN (62,5%) n’avait pas pu s’approprier les activités du projet. Pour les autres CVN, le niveau d’appropriation était soit insuffisant (22,5%), soit moyen (15%). Un seul des CVN poursuivait tous le Paquet d’Activités (PA) et plus de la moitié (57,5%) ne menait aucune activité. Les autres CVN poursuivaient seulement une partie du PA. En revanche, 75% des CVN maitrisaient toujours toutes les techniques de mise en oeuvre du PA, 87,5% disposaient toujours d’un local utilisable et 12,5% avaient du matériel visiblement en bon état pour poursuivre les activités. Par contre, 65% des CVN n’avaient aucune source de revenu. Les revenus des autres CVN, provenaient d’économies faites durant le projet, de l’appui d’une structure extérieure ou de la contribution de la communauté. Aussi, seulement 27,5% des CVN (dont 12,5% appuyés par des OBC-E) continuaient à avoir des membres motivés pour mener les activités. Conclusion : Pour la durabilité des acquis de cette approche de prise en charge de la MA par les CVN, il est indispensable de définir un cadre institutionnel de relais, une source de financement dynamique puis de repenser la question de la motivation des CVN.

Introduction: Fighting Acute Malnutrition (AM) is still one of the priorities of public health in Burkina Faso. This is the reason why the Burkina Faso Red Cross (RC) in partnership with the one of Belgium, led from June, 2007 till December, 2012 a project of community coverage of AM in the region of the Southwest. The innovation in this project was the coverage of the cases of malnutrition within villages by the implementation of "rustic committees of nutrition (RCN)". The project happened to be effective in terms of the higher number of detected cases, the reduction of prevalence of the cases of critical AM and the low rate of deaths. However, as for any project, the challenge of its appropriation by the population and the sustainability of the experiences after terminating the project occur. General objective: Assessment of the level of appropriation by the RCN of the RC community approach in the coverage of AM, 18 months after terminating the project in the region of the Southwest of Burkina Faso. Methodology: It was about a crosscutting observational survey in a descriptive aim concerning 40 RCN, 12 health and Social Centres, 4 sanitary districts, 4 provincial committees of the RC and 4 Organizations of Community Basis Execution (OCB-E). Findings: in July, 2013, period of the current assessment, we noticed that most of the RCN (62.5 %) have not been able to appropriate the activities of the project. For other RCN, the level of appropriation was either insufficient (22.5 %), or middle (15 %). Only one of the RCN was pursuing all the Package of Activities (PA) and more than half (57.5 %) was leading no activity. The other remaining RCN was pursuing only one part of the PA. On the other hand, 75 % of the RCN still mastered all the technics of implementation of the PA, 87.5 % still had a usable premises and 12.5 % had equipment apparently in good condition to pursue the activities. On the other hand, 65 % of the RCN had no source of income. The incomes of the other RCN came from savings made during the project life, from the support of an outside structure or from the contribution of the community. In addition, only 27.5 % of the RCN (among which 12.5 % supported by OCB-E) was continuing to have members motivated to carry out the activities. Conclusion: For the sustainability of the experiences of this approach of coverage of AM by the RCN, it is essential to define a relay institutional frame, a dynamic source of funding and also to rethink the question of the motivation of the RCN.