Inventaire des déchets d’équipements électriques et électroniques ménagers au Cameroun et proposition d’une stratégie de gestion durable : cas de la ville de Douala

Abstract

L’évolution rapide de la technologie a certes de nombreuses incidences positives entre autres l’amélioration des conditions de vie de l’humanité et les retombées économiques. Cependant, elle conduit également à la production de nombreux déchets dans la mesure où en plus des équipements qui arrivent naturellement en fin de vie, d’autres deviennent obsolètes au fur et à mesure que la technologie innove. Ce problème est davantage accentué par le transfert d’appareils usagés, voire défectueux, des pays développés vers ceux en développement. Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE ou D3E) ainsi générés contiennent de nombreuses substances dangereuses pour l’environnement et la santé humaine. Mais la présence simultanée des métaux dans ces déchets leur donne de nos jours une grande valeur liée à leur potentiel de valorisation. Seulement, la plupart des pays en développement ne disposent pas suffisamment de moyens financiers, techniques, logistiques et humains permettant de les traiter convenablement. Ils sont donc valorisés de manière traditionnelle et artisanale par des récupérateurs informels et ce, dans l’irrespect total des mesures de précaution sanitaires et environnementales. Cette valorisation reste d’ailleurs très partielle dans la mesure où elle ne se limite qu’à quelques métaux ferreux et non ferreux. La ville de Douala, en tant que capitale économique et ville la plus peuplée du Cameroun se trouve particulièrement concernée par ce problème, d’où la présente recherche. L’objectif général est de contribuer à l’amélioration de la gestion des D3E à Douala à travers leur inventaire et la proposition d’une stratégie de gestion durable. Pour cela, l’on a procédé à la recherche documentaire afin de mieux cerner le sujet et les concepts. Ensuite, une observation directe sur le site d’étude a permis d’avoir une idée générale de la manière dont ces déchets y sont gérés. Enfin, des enquêtes conduites auprès de 400 ménages de la ville nous ont donné une idée beaucoup plus précise de cette gestion. Ces différentes méthodes ont conduit à un certain nombre de résultats. On a par exemple relevé que tous les ménages enquêtés produisent les D3E, soit 100% de l’échantillon d’étude. Les enquêtes ont aussi montré que 76% des D3E produits sont éliminés avec les autres déchets ménagers, bien que la grande majorité des ménages (77%) affirment être informés des risques liés aux D3E. Cette situation est de nature à accroître considérablement les facteurs d’exposition et de pollution. En sus, le cadre juridique et institutionnel, bien que richement fourni, reste très peu appliqué. C’est alors qu’à la fin de l’étude, nous avons proposé un modèle de gestion pouvant favoriser la réduction de ces risques tout en optimisant le rendement de valorisation des D3E. Ce dernier devra mettre un accent particulier sur la sensibilisation des populations sur les risques sanitaires et environnementaux des D3E, l’organisation de l’activité de recyclage des D3E et le suivi du cadre juridique pour une meilleure application. Toutefois, la mesure capitale semble être la construction d’un centre de valorisation et de traitement des D3E à Douala.

he rapid evolution of technology certainly reveals several positive impacts, including improvement of the human living conditions and economic benefits. However, it also generates more waste. In fact, in addition to the equipment which normally reach their end of life, many others become obsolete as technology innovates. This problem is exacerbated by the transfer of used equipment from developed to developing countries. The waste electronic and electrical equipment (WEEE) that are therefore generated in those countries contain many hazardous substances to the environment and human health. But the presence of ferrous and nonferrous metals in these waste gives them a great value nowadays due to their recycling potential. Unfortunately, most of the developing countries do not have sufficient financial, technical, logistical and human resources to valorize them properly. They are thus valued in traditional and artisanal way by informal recyclers, regardless to health care and environment protection. That valuation remains also very incomplete since it is limited to some metals. In fact glass, plastics and precious metals are not exploited by those recyclers although they are an important source of secondary raw materials. Douala town (Cameroon) is particularly affected by that problem. It is why we conducted this research that aims to contribute to improving the management of these waste in Douala through their inventory and to propose a strategy for their sustainable management. For this, we carried out documentary research to better understand the subject and concepts. A direct observation in the study site then gave us an overview of how these waste are now managed there. Finally, a survey performed among 400 households in the city gave us a clearer idea of that waste management. Those methods led us to a number of results. For example, we noticed that 100% of surveyed households produce WEEE. Moreover, we found that 76% of WEEE generated there are disposed with other household waste, although the large majority of respondents (77%) said that they are aware of risks represented by WEEE. This situation is likely to significantly increase the risks of human exposure and environment pollution. In addition, we also found that the legal framework is well formulated, but badly, or almost not applied. That’s why at the end of this study, we attempted to suggest a management model that could effectively reduce risks while optimizing the recovery performance of such waste. This model will lay special emphasis on raising public awareness, reorganizing activities related to the WEEE valuation and monitoring the legal framework for better implementation. The main measure is to build a recycling and treatment center of WEEE in Douala.