Ecologie de l'infestation de Meloidogyne javanica (Treub, 1885), Chitwood, 1949 (Nematoda) par l'actinomycète parasitoïde Pasteuria penetrans Sayre & Starr, 1985.

Abstract

Des études en conditions contrôlées de serre ont permis de comparer la sensibilité de di\erses cultures maraîchères (tomate, aubergine africaine rSo/anum aethiopicum], gombo) et de cultures de rotation (arachide, mil, oignon, niébé) au nématexie Meloidogyne javanica ct d 'é\aluer la production de Pasteuria penetrons, actinomycète paras1to'lde de ces nématcxies. La sensibilité à M. javanica opposait le groupe des cultures sensibles (tomate, aubergine, gombo, niébé) au groupe des cultures non-sensib!cs (arachide, mil, Oignon). La production de spores de p, penetrons, impossible sur les cultures non-sensibles, a été plus importante sur l'aubergine africaine que sur la tomate, alors que le gombo n'a permis aucune production. Les cultures ont eu aussi des effets rémanents sur une culture suivante: amsi la production des spores de P. penetrons sur tomate a été beaucoup plus importante après aubergine africaine ou gombo qu'après tomate. Des études au champ effectuées sur un SI te naturellement infesté en M. jm'anica et en P. penetrans ont permis de sui vre l'é\ol uLion des populations totales de ju\éniles de AJ. javanica et des ju\éniles infestés par P, penetrans. d'une part au cours d'une succession de trois cycles de cultures sensibles, d'autre part au cours d'une rolallon de sept cycles de cultures sensibles et non-sensibles. Quclleque soit l'étuJe, l'évolution des effectifs de juvéniles infestés est assez synchrone de celle des effectifs totau\. de juvéniles. MaiS, alors qu'une culture conllnue de plantes sensibles a entraîné une diminution constante des effectifs de ju\éniles totau\. et infestés par P. penetrons, la rotation de cul turcs sensibles ct non-sensibles ont pcnnis une augmentation périexiique de ces effectifs. Cependant, l'étude Je l'évolution des proportions de juvéniles infestés apporte des précisions sur les interactions entre les populations de M. jamnica ct celles de P. penetrons. L'application de méthodes d'analyse des populations hôtesparasites (facteurs de mort.'llité, tests de régression cl de corrélallon) a montré qu'il existait une forte con'élation entre les populations totales de M. javal/im ct cclles inCcstées par P. penetrons cl que l'mteraetion senllt du type densité-dependance caracténsllque de certaines relations proieprédateur. Toutefois, plus la plante est sensible à M. .1(/\'(/J/im, plus l'infestation des ju\éniles par P. penetrons est retardée. L'interaction touche aussi l' enl'ombrement des juvéniles en spores de P. penetrans. Amsl, alors que la proportion de jU\'émles infestés par moins de 10 spores élait relal1\ement constante quel que soit l'cfTectif de jl1\émles, celle des juvénIles in1'cstés par plus de 10 spores a très significativement diminué. Par conséquent, la première classe de ju\éniles contribuerait plutôt à la production de spores de P. penetrons tandis que la seconde contrôlerait directement les populations de M, javanica dans le sol. Cette approche écologique de l'infestation de M. javanica par P. penetram pennet de jeter les bases d'une gestion intégrée culturale et biologique des populations de M. javanim dans les systèmes de culture maraîchère par la maîtrise des itinéraires culturaux les plus appropriés à la production naturelle de P. penetrom et à l'infestation des nématodes.