La dynamique accélérée des Koris de la région de Niamey et ses conséquences sur l’ensablement du fleuve Niger

Abstract

L’Afrique de l’Ouest est soumise depuis quelques décennies à un rapide changement d’usage des sols, lié à la très forte pression démographique. La région de Niamey en particulier, avec de très nombreux oueds exoréiques appelés localement, « koris » participe de cette dynamique. Il semblerait que l’endoréisme recule à l’échelle des koris comme celui de Boubon, Gorou Kirey etc. L’objectif de cette recherche est de mettre en évidence cette évolution et à l’expliquer, ainsi qu’à insérer cette évolution dans le contexte régional, d’un Sahel où l’endoréisme est très répandu. On essaie de montrer la part des responsabilités entre et facteurs anthropiques et climatiques. On utilise pour cela des relevés de terrain ainsi que des études diachroniques. L’accent est mis sur des suivis cartographiques et diachroniques de l’hydro - morphométrie du bassin, des mesures topographiques in situ sont effectuées à l’aide d’une station totale, des prélèvements ponctuels de matières en suspension dans les koris. Ces suivis sont couplés aux mesures de ruissellement et de pertes en terre sur un de ses versants, selon les états de surface les plus représentatifs de la région. An niveau du fleuve, des prélèvements journaliers sont effectués en amont et aval de la confluence du kori au fleuve ; en plus des sondages bathymétriques saisonniers réalisés sur le secteur. Il apparaît que le principal facteur explicatif est le changement d’usage des sols ; les cultures qui occupaient 10% de l’espace sahélien au milieu du 20ème siècle, en occupent la quasi-totalité à présent ; on a démontré à l’échelle de la parcelle et du bassin expérimental que cela se traduisait par une augmentation sensible des coefficients d’écoulement et des pertes en sol. Les transferts sédimentaires qui en découlent sont à l’origine du phénomène d’ensablement du fleuve Niger, très manifeste dans la région de Niamey, avec la formation de vastes cônes de déjection et les perpétuelles modifications des profils en long et en travers par suite des mouvements de bancs de sable dans les fonds de koris et les reculs de berges observés à l’échelle de la crue des koris exoréiques. Ces koris – affluents connaissent une dynamique hydro sédimentaire très active depuis les années 1950. La dégradation hydrologique se traduit par un néo-exoréisme lié à la disparition de mares de fond de vallée. On observe l’élargissement de leur lit d’écoulement du fait de forts reculs de berges, l’augmentation du ruissellement sur les versants et d’importants transferts sédimentaires vers le fleuve. Les koris contribuent très localement aux modifications des pics hydrologiques événementiels observés et à l’évolution hydro géomorphologique de la vallée du fleuve à travers l’apparition de très grands cônes de déjection ; les baisses des profils de profondeur du fleuve d’où exhaussement du lit du fleuve, malgré les opérations d’aménagement effectuées ou en cours dans la région de Niamey. Tout ceci a des effets néfastes pour les pêcheries locales, la faune aquatique et surtout l’alimentation en eau de la ville de Niamey en accentuant l’appauvrissement des populations locales déjà très vulnérables.