Pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Niger : Etat des lieux, analyses technologique et nutritionnelle des aliments de complément et propositions d’amélioration

Abstract

Au Niger, un enfant sur deux est touché par la malnutrition chronique et près de 300000 enfants malnutris sévères sont pris en charge chaque année par le système de santé. Ces états nutritionnels trouvent leurs fondements dans les pratiques alimentaires inadéquates et dans l’ingestion des aliments déficients en nutriments. L’objectif général de la présente thèse est de contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel du nourrisson et du jeune enfant au Niger. Ce travail a regroupé, outre la revue bibliographique, quatre types d’études dont notamment:  L’investigation des causes de la malnutrition effectuée au niveau de la zone agricole et de la zone agropastorale à travers des entretiens communautaires.  L’étude des pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant basée sur des enquêtes et des observations directes au niveau des ménages qui ont couvert 43 communes.  L’évaluation de l’acceptabilité et de l’efficacité des aliments locaux proposés par les ONGs et qui s’est déroulée au niveau du CREN de Guidan Idder ;  Et enfin, l’analyse de la stabilité et de l’acceptabilité des aliments importés : cas du CSB++ dont le volet acceptabilité a été fait dans les villages de Hamdallaye et Kobadjé. Les résultats obtenus au cours de l’étude des causes de la malnutrition démontrent que de tous les facteurs enregistrés, la pression démographique, la gestion non concertée du grenier familial traduisent à 63,16% la persistance de la dénutrition en zone agricole. L’inexistence du marché de vente des ingrédients et la pénibilité de la pratique des cultures de contre saison demeurent à 100% d’une part l’essentiel des paramètres maintenant cette malnutrition en zone agropastorale, et d’autre part, celle – ci est renforcée à 66,67% – 67,57% par l’insuffisance de l’éducation nutritionnelle, l’inexistence de centre de santé et la fuite de responsabilité paternelle. L’ensemble des données sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant a abouti à la création d’une liste de recettes composée de 43 aliments simples ou composés, dont 83,72% sont des combinaisons de différents types d’aliments locaux. Parmi ces aliments locaux, 6 prédominent à l’échelle du pays. Ces 6 recettes (mil décortiqué+lait caillé, mil décortiqué+riz, mil décortiqué+sucre, mil non décortiqué+sucre, mil non décortiqué et sorgho non décortiqué) incorporant en majorité le mil ont une valeur énergétique peu acceptable (351,51 kcal) et des quantités en macro et micro nutriments faibles, qui peuvent être complétés par l’allaitement. Une disparité significative a été relevée dans la répartition de ce xv recettes par région. Ces résultats font aussi ressortir clairement l’intérêt nutritionnel de 4 de ces recettes dans le relèvement de l’état nutritionnel des enfants malnutris modérés avec un taux de guérison de 84,5% au bout de quatre semaines. Le gain pondéral quotidien enregistré (9 à 19g), traduit une efficacité satisfaisante des quatre aliments. De part ces indications, les compléments alimentaires locaux sont élaborés à prix modique par rapport à la quantité produite et suivant un procédé classique traditionnel. Ce procédé englobe des étapes de fermentation naturelle et de torréfaction qui sont réputées dans l’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’aliment fini. Par ailleurs, des aliments thérapeutiques qui sont introduits dans la réhabilitation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans, il ressort clairement que le CSB++ s’adapte bien aux conditions climatiques nigériennes et présente aussi une satisfaisante appréciation de la communauté bénéficiaire. Par conséquent, ce travail représente un support scientifique susceptible de faciliter l’intégration de ces recettes dans le programme national de nutrition et de survie de l’enfant au Niger.