Qualité des eaux de consommation et état de santé des populations en milieu Itcha-Ife dans le département des collines au Benin

Abstract

Les populations du milieu Itcha-Ifè dans le Département des Collines au Bénin s’approvisionnent à des sources d’eau variées comme les forages, les puits, les marigots. Les différents types de points d’eau sont étudiés pour apprécier la qualité des eaux de consommation à la source afin de caractériser les risques sanitaires y afférents. L’approche méthodologique utilisée a consisté en l’exploitation documentaire, le prélèvement et l’analyse des échantillons d’eau, l’interprétation des statistiques obtenues et des investigations auprès des populations du secteur d’étude. Les paramètres de qualification de la qualité des eaux sont obtenus à partir des analyses physico-chimiques et bactériologiques de dix échantillons d’eau prélevés dans cinq puits (deux modernes et trois traditionnels), trois forages (pompe à motricité humaine) et deux marigots pendant les saisons sèche et pluvieuse. L’analyse de la qualité physico-chimique a montré une inégale répartition des ions (Ca2+, Mg2+, Na+, K+, HCO3-, Cl-, SO4 2- et NO3-) suivant les types de points d’eau et en fonction des saisons. Les résultats obtenus font apparaître une eau turbide, fortement minéralisée sujette à des pollutions minérales et organiques pour les puits et les marigots et une minéralisation exempte de toute pollution minérale et organique pour les forages. Toutefois, la plupart des paramètres ont des concentrations inférieures aux Concentrations Maximales Admissibles (CMA) fixées par l’OMS. Les faciès hydrochimiques des eaux sont de type bicarbonaté calcique et magnésien, de type chloruré et sulfaté calcique et magnésien, de type chloruré sodique et potassique ou sulfaté sodique et de type bicarbonaté calcique tant en saison sèche qu’en saison pluvieuse. Les indicateurs bactériologiques enregistrés sont tous au-delà des valeurs maximales admissibles et indiquent que les eaux en l’occurrence celles de puits et des marigots sont très polluées par des micro-organismes d’origine fécale. Ces menaces de contamination font établir de graves conséquences pour la santé des communautés étudiées avec environ une proportion de 15 % du total des affections enregistrées chaque année dans le secteur. Les principales maladies liées à la consommation des eaux de qualité dégradée les plus courantes sont la diarrhée, la fièvre typhoïde ou paratyphoïde et l’amibiase. Par le rapprochement des indicateurs de qualité de l’eau et des données sanitaires, il découle que la qualité des eaux des sources prélevées est beaucoup plus influencée par le manque d’assainissement et d’hygiène du milieu. Cette étude permet de conclure que la majorité des sources d’eau du secteur d’étude est polluée et leur consommation a des impacts sur la santé des populations. Dans ce cadre, les parties prenantes que sont les populations, les collectivités locales et l’Etat devront s’investir à l’alimentation en eau potable, à l’amélioration des systèmes d’assainissement et d’hygiène du milieu, à la protection des sources d’approvisionnement en eau. Ainsi, la prise en compte des mesures d’amélioration proposées pourrait participer à la préservation de la qualité des eaux de consommation et, par ricochet, atténuera les risques sanitaires y afférents.