Etude des facteurs de l’environnement physique et humain de l'ulcère de Buruli dans la commune de Lalo au Benin

Abstract

Ce travail, a pour objectif principal d’apporter une contribution à l’étude de l’environnement physique et humain de l’UB, dans la commune de Lalo au Bénin. Plus spécifiquement, nous nous étions proposés dans le cadre de cette recherche, d’étudier la prévalence de l’UB dans la commune de Lalo au Bénin ainsi que sa spatialisation ; de documenter l’association entre cette distribution et les sources d’eau domestique. Nous avons également investigué les contraintes humaines du dépistage de l’ulcère de Buruli ainsi que les interrelations qui existent entre ces contraintes et la qualité de la prise en charge des patients. Enfin, nous avons exploré une relation éventuelle entre la co-infection entre l’UB et d’autres infections notamment l’infection à VIH et la schistosomiase. Au terme de nos investigations, nous pouvons retenir que la prévalence générale de l’UB dans la commune de Lalo est de 88.9 cas pour 10.000 habitants. Si on considère uniquement les cas évolutifs on obtient une prévalence de 18.9 cas pour 10.000 habitants. Ce taux est largement supérieur aux normes de l’OMS qui considère une maladie comme problème de santé publique lorsque le taux est supérieur à 1 cas pour 10.000 habitants. Toutefois cette prévalence, diffère d’un arrondissement à un autre, avec une grande variabilité. L’arrondissement le plus endémique est celui de Ahomadégbé avec 249 cas pour 10.000 habitants. De même, à l’échelle village il existe une grande variabilité entre plusieurs villages d’un même arrondissement illustrant la distribution très focale de la maladie. La superposition de la distribution des cas et les sources d’eau utilisées par les populations, permet de mettre en relation l’occurrence de la maladie avec l’utilisation des sources d’eau non protégées, dans la commune de Lalo. Par rapport à l’environnement humain de cette endémie dans la commune, on peut retenir qu’il est essentiellement défavorable, marqué par un dépistage tardif, objectivé par une durée médiane avant consultation de deux mois (Q1=1 mois Q3=8 mois). Il existe une association significative entre les déterminants du dépistage (durée avant consultation, handicap au dépistage) et les résultats du traitement (durée du traitement, guérison avec ou sans séquelles). Parmi les raisons qui expliquent le dépistage tardif, le recours au traitement traditionnel est un facteur important. Ce pluralisme thérapeutique, se justifie aussi bien par les croyances en l’origine surnaturelle de la maladie, que par les contraintes du traitement chirurgical, en l’occurrence l’hospitalisation de longue durée qui génère beaucoup de contraintes aussi bien familiales (séparation d’un conjoint) que financières (alimentation). Il n’existe pas une relation épidémiologique entre l’UB et l’infection à VIH. Toutefois, les résultats de nos investigations nous permettent de formuler l’hypothèse que l’infection à VIH, aggrave le cours de l’évolution clinique de l’UB, vers les complications notamment osseuses et les disséminations. La co infection avec la schistosomiase ne constitue également pas, un facteur de risque pour l’UB. Au regard des résultats de ce travail et compte tenu du caractère très focalisé de la distribution, il conviendrait de réaliser également une cartographie de la maladie au niveau des autres communes endémiques du Bénin, en vue de faire des économies substantielles pour les programmes de luttes, en concentrant les ressources au niveau des arrondissements et des villages les plus endémiques. Par ailleurs les résultats de ce travail permettent de suggérer le volet eau hygiène et assainissement du milieu, comme une composante de la lutte contre l’UB.