Interventions humanitaires et adaptation scolaire des enfants réfugiés nigérians du camp de Minawao dans l’Extrême-nord du Cameroun

Abstract

L’étude sur les interventions humanitaires et adaptation scolaire des enfants réfugiés nigérians du camp de Minawao dans l’Extrême-nord du Cameroun explore la problématique de l’adaptation scolaire des enfants réfugiés nigérians, en mettant l’accent sur les défis auxquels ils sont confrontés et les stratégies d’interventions humanitaires mises en place pour favoriser leur résilience scolaire. Elle est ainsi construite autour de la question fondamentale de savoir : comment les interventions des acteurs humanitaires déterminent-elles l’adaptation scolaire des enfants réfugiés du fait de la crise de BokoHaram dans le camp de Minawao de la région de l’Extrême-nord du Cameroun ? L’hypothèse qui la sous-tend est que les interventions humanitaires déterminent de manière significative l’adaptation scolaire des enfants réfugiés nigérians du camp de Minawao. En effet, la mise en place de dispositifs socio-éducatifs par les acteurs humanitaires constitue le principal déterminant de l’adaptation scolaire des enfants réfugiés du camp de Minawao. La prise en compte des dimensions psychoéducatives de l’assistance humanitaire favorise toutefois, une relative résilience scolaire des enfants réfugiés Pour ce faire, l’approche interculturelle systémique de (Legault et Rachédi,2008) a permis d’examiner l’apport socioéducatif des acteurs humanitaires dans le processus d’adaptation scolaire des enfants réfugiés. Ce prisme présente d’ailleurs le camp comme le macrosystème dans lequel se déploient les enfants et comme l’environnement avec lequel ils sont en interaction quotidienne, non seulement pour (re)construire leur vie, mais aussi pour une (re)socialisation et une reconstitution de leur parcours scolaire. Par ailleurs, l’approche ethno psychiatrique de (Devereux, 1999) nous a conduit à démontrer que les professionnels composés des responsables des organisations humanitaires, des enseignants et encadreurs des élèves des écoles du camp de Minawao, des pères éducateurs tiennent compte à la fois de la personne, de la culture, de l’histoire, de la situation sociopolitique ainsi que l’environnement familial de la catégorie sociale vulnérable que constituent les enfants réfugiés dans leur prise en charge pour l’adaptation scolaire. Cette grille révèle également les facteurs cognitifs et psychologiques limitant ce processus d’adaptation en dépit de la synergie d’action humanitaire. Notre démarche méthodologique repose tant sur des techniques qualitatives que quantitatives. Un questionnaire a été administré à une population hétérogène d’élèves réfugiés constituée de 408 sujets répartis dans les groupes IA, IIB et IIIA des écoles publiques du camp. Des entretiens semi-directifs ont été conduits auprès de 19 enseignants, de 14 parents d’élèves, de 09 pères éducateurs, ainsi que de 06 personnels d’ONG. Les focus group discussion ont été réalisés avec 180 élèves des classes d’initiations, préparatoires et élémentaires des différents groupes de l’école. La technique d’observation directe nous a aidé à appréhender l’ensemble du dispositif physique de l’intervention humanitaire ainsi que des interactions entre les différents acteurs et parties prenantes dans le processus de prise en charge et d’adaptation des enfants réfugiés. Le traitement des données recueillies s’est fait à l’aide du logiciel statistique SPSS ;l’interprétation et l’analyse des différentes variables a permis d’aboutir aux résultats selon lesquels, les acteurs humanitaires concourent significativement (à hauteur de 99,95% car nous avons enlevé le seuil de signification de se tromper qui est de 0,05%) à l’adaptation scolaire des enfants réfugiés nigérians à travers des interventions tant socioéducatives que psychoéducatives ; en dépit de quelques facteurs cognitifs et généraux limant la résilience scolaire de ces derniers.