Approche "one health" dans les politiques de lutte contre les épidémies au Cameroun : Analyse des enjeux, des stratégies et des pesanteurs à partir de la ville de Yaoundé d

Abstract

Le présent travail de recherche part du constat selon lequel, en dépit de l’adoption de l’approche one health au Cameroun, il est observé la persistance et la récurrence des épidémies qui continuent de faire de nombre ravages au sein des communautés. L’approche one health reste ainsi confrontée à de nombreuses difficultés qui entravent sa mise en œuvre. Dès lors, on est en droit de se poser la question de savoir : « Comment comprendre la difficile opérationnalisation de l’approche One Health en matière de lutte contre les épidémies au Cameroun ? ». En réponse à cette question, l’hypothèse principale est formulée comme suit : « Bien que l’introduction de l’approche one health ait amélioré les politiques de lutte contre les épidémies au Cameroun, son opérationnalisation reste entravée par des pesanteurs socioculturelles, politico-institutionnelles et économiques. ». Trois théories ont été mobilisées : la théorie systémique, la théorie des représentations sociales et l’ethnométhodologie. Le caractère empirico-théorique de cette recherche repose sur l’exploitation de plusieurs documents et la réalisation de 29 entretiens semi-directifs. L’analyse de contenu a permis d’obtenir plusieurs résultats. Tout d’abord, trois principales raisons ont conduit à l’adoption de l’approche OH au Cameroun : la flambée des épidémies, la faible capacité du MINSANTE à faire face à ces dernières et l’influence des acteurs internationaux. Ensuite, la mise en œuvre de l’approche OH fait appel à une pluralité d’acteurs internationaux et nationaux qui agissent suivant une stratégie reposant sur cinq (5) principaux piliers : la mise en place du cadre institutionnel « une santé » ; la formation et le partage de connaissances ; la recherche ; le renforcement du système de surveillance et la sensibilisation sur le concept « une santé ». Cependant, plusieurs pesanteurs freinent sont opérationnalisation, notamment ,le faible niveau de connaissances des populations au sujet de l’approche, les habitudes alimentaires basées sur la consommation de la viande de brousse et des produits issus des animaux, la pratique des activités agropastorales en zones urbaines, l’installation des populations dans les zones à risques zoonotiques, les déficits de coordination des institutions responsables de l’implémentation de cette approche et des problèmes de leadership, les difficultés d’accès à l’information sanitaire, une faible implication des chercheurs des sciences sociales et humaines, le caractère élitiste de son implémentation et des problèmes d’ordre économique et financier. Néanmoins, l’introduction de cette approche entraine des transformations observables au niveau de l’ouverture et de la coopération internationale en matière de lutte contre les épidémies et pandémies, au niveau institutionnel et stratégique, ainsi qu’au niveau infrastructurel et opérationnel.