Dynamique de succession post-culturale et modélisation de la trajectoire de reconstitution des forêts tropicales en Côte d’Ivoire.

Abstract

En Afrique de l’ouest, plus de 80% de la couverture forestière originelle a disparu en raison de la croissance exponentielle des populations humaines, de plus en plus à la recherche de nouvelles terres agricoles. Une fois la fertilité des terres épuisée, ces zones sont abandonnées et laissées pour être reboisées par succession naturelle. En Côte d’Ivoire, malgré la présence généralisée de forêts secondaires d'âges divers dans le paysage, on sait peu de choses sur les trajectoires de reconstitution et les facteurs environnementaux qui influencent les taux de reconstitution des forêts secondaires. Nous avons mis en place 236 parcelles (0,2 ha), âgées de 0 à 45 ans plus des contrôles, sur 8 chronoséquences représentant le gradient climatique régional nord-sud typique de l'Afrique de l'Ouest, sur lesquelles tous les arbres de plus de 2,5 cm de diamètre à hauteur de poitrine ont été inventoriés. Nous avons par la suite fait l’analyse descriptive des flores des zones phytogéographiques, avant de modéliser les trajectoires de récupération des attributs de l’écosystème (biodiversité, biomasse aérienne et composition floristique) et testé l'influence de la variabilité des conditions environnementales locales et nationales sur leurs taux de récupération dans un cadre hiérarchique bayésien. Au total, nous avons inventorié dans la zone ombrophile, 21 167 arbres de 69 familles, 216 genres et 378 espèces, dans la zone mésophile, 42 875 arbres de 64 familles, 253 genres et 442 espèces et dans la zone soudanaise, 11 531 arbres de 30 familles, 83 genres et 123 espèces. Au l’échelle locale, les résultats montrent que les attributs de l’écosystème se récupèrent à des rythmes différents, la composition floristique se restaure beaucoup plus rapidement que la diversité. A l’échelle nationale, les résultats montrent que la diversité se récupère plus rapidement que la composition floristique et la biomasse aérienne. Parmi les facteurs locaux, paysagers et historiques étudiés, le nombre d’arbres rémanents et la proximité des forêts primaires ont eu plus d’effet et un impact positif sur les vitesses de récupération des attributs de l’écosystème étudiés, alors que la durée de la culture précédente a un impact négatif. La saisonnalité des précipitations a été celle qui a eu un effet plus important et à la fois sur tous les attributs de l’écosystème évalués parmi les variables environnementales nationales. Les cartes de vitesses de récupération et de compromis pour la restauration rapide du paysage nous ont permis d’identifier les zones du centre- est, de l’est, du sud-est, de la partie méridionale du sud-ouest et de l’ouest ivoiriens comme des zones potentielles, favorables pour un retour plus rapide des attributs de l’écosystème après l’abandon des terres cultivées à l’échelle du territoire ivoirien.