Coopératives et dynamique du monde rural au ‘’centre-sud Cameroun’’ (1924-1992)

Abstract

Le mouvement coopératif naît au début du XIXe siècle en Europe et s’est répandu dans le monde. Au Cameroun, les premières coopératives virent le jour dans la première moitié du XXe siècle. Depuis leur création dans la période coloniale, plusieurs structures se sont succédées. Ainsi nous sommes partis des SIP puis SAP à l’ère coloniale et ensuite des SOMUDER, des SOCOOPED, des SOCOODER et enfin des COOPLACA à l’ère post indépendance. Plusieurs facteurs ont soutenu le processus de mise en place des coopératives au Centre-Sud Cameroun. Il s’agit entre autres des conjonctures économiques en France et au Cameroun, le substrat socio-anthropologique des populations rurales, des organisations communautaires endogènes, des enjeux économiques de la colonisation. À cause des échecs, des chercheurs se sont intéressés à la question. Ce travail qui s’inscrit dans la même perspective s’intitule : Coopératives et dynamique du monde rural au ‘’Centre -Sud Cameroun’’ (1924 – 1992). La question centrale de cette étude est de montrer le rôle joué par les coopératives dans la dynamique du développement social, économique et mutualiste en milieu rural camerounais. Cette étude a permis d’aboutir à un certain nombre de résultats. De 1924 à 1960, les coopératives se sont engagées dans la réalisation des oeuvres sociales, notamment la création des points d’eau, l’habitat rural, la construction des salles de classe etc., et économiques avec la vente des produits et les traitements phytosanitaires. Ces actions ont favorisé d’importantes mutations en milieu rural : le recul de la mortalité infantile et maternelle, l’amélioration des rendements... Au regard de ce qui précède, il ressort que, la plupart des oeuvres réalisées étaient plus orientées vers l’exploitation des matières premières agricoles afin de satisfaire la demande de la France. C’est pourquoi, il est reproché aux coopératives de n’avoir pas pu réduire la pauvreté , d’avoir favorisé le développement d’un esprit coopératif capitaliste et d’entretenir le pacte colonial. On peut donc dire que leur performance se révèle non pertinente, car elles ont produit des résultats mitigés. Le monde rural actuel s’identifie par l’immobilisme en matière coopérative et la précarité. En 1960, le Cameroun sous administration français obtenait son indépendance. Les pouvoirs publics firent confiance au secteur coopératif et lui accordèrent une place importante. Les nouveaux gouvernants ne dérogèrent pas à la logique idéologique et opérationnelle de la période antérieure. En 1969, une nouvelle loi coopérative est adoptée. C’est avec cette loi que l’État indépendant est véritablement impliqué dans le mouvement coopératif. Dès lors, s’en est suivi de profondes mutations tant sur la forme que dans la gestion coopérative. Cette nouvelle ère est tributaire d’importantes réalisations sociales et économiques : l’insertion des jeunes agriculteurs dans le mouvement coopératif, la distribution des primes aux producteurs … Ces réalisations ont entrainé à leur tour des mutations sociales et économiques remarquables en zone rurale telles que la perversion de certaines valeurs culturelles, la modification du statut foncier ; le progrès continu des rendements agricoles… En dépit de ces réalisations, le dynamisme coopératif n’a pas toujours produit des résultats capables d’impulser un développement durable en milieu rural. Cette expérience qui a trop duré ne pouvait plus résister au vent de libéralisation qui soufflait. Sa fin s’est traduite par l’avènement de la loi sur les coopératives de 1992.