L’essor démographique de l’Afrique 1960 - 2020

Abstract

Cette étude porte sur « L’essor démographique de l’Afrique 1960-2020 ». Elle analyse, dans une perspective historique, la poussée démographique du continent africain pour en saisir les moteurs, cerner les traits essentiels, et identifier les processus qu’elle génère et leurs conséquences depuis l’émergence des pays africains sur la scène internationale. Cette évolution soulève des défis pluriels relatifs à une croissance économique confrontée à la jeunesse de la population et aux relations de l’Afrique au reste du monde. La mobilisation des approches théoriques malthusienne, néomalthusienne, anti-malthusienne et de la transition démographique permet de produire une perspective d’ensemble de la dynamique historique de l’Afrique depuis le milieu du XXe siècle, sous le prisme des changements démographiques. Pour les malthusiens, une population qui s’accroît à volonté, expose l’humanité à des crises majeures dans le futur : stagnation du niveau de vie, pénurie des ressources et dysfonctionnement économiques. Poursuivant sur cette lancée, les néomalthusiens proposent de mettre sur pied des politiques de régulation démographique. Sur cette base l’essor démographique de l’Afrique a été analysé comme un handicap au décollage de l’Afrique. A l’opposé, les anti-malthusiens ont pris à contre-pied les thèses malthusiennes. Leur principal argument est que la pression démographique, notamment une densité de population élevée, met les hommes dans des conditions où il est nécessaire de faire preuve d’innovation et de s’adapter. La population est donc plutôt un facteur de progrès technique. Ce qui permet d’envisager la dynamique démographique africaine comme une opportunité. La transition démographique quant à elle, distingue deux régimes démographiques rigoureusement opposés: le régime traditionnel et le régime moderne. Le premier désigne une situation où la natalité et la mortalité sont élevées, tandis que le second est caractérisé par une situation exactement inverse. L’idée principale est qu’une croissance démographique élevée constitue la phase transitoire du régime traditionnel vers le régime moderne. D’où la relativisation du catastrophisme entretenu autour de l’évolution démographique de l’Afrique. Le mode de raisonnement adopté pour cette étude privilégie une approche diachronique, analytique et systémique, permettant ainsi d’aborder la question démographique dans sa complexité pour en faire un tout cohérent. En somme, le dividende démographique généré pourrait contribuer à l’émergence d’une Afrique ouverte sur le monde, s’il est soutenu par des politiques multisectorielles portées par un leadership africain volontariste et visionnaire qui libère les énergies.